dimanche 29 septembre 2013

Laisser le texte s'amender...2



                                                                                                        ?

Il y a des phrases qui vous tournent dans la tête sans qu’il ne soit possible de les stabiliser. Amender le texte, texte amendé, laisser le texte s’amender. 

Mais la phrase était venue en réponse à quoi déjà ? Je ne me souviens plus. J'avais dit quelque chose. Un jour. A qui donc ? Et pourtant quelqu'un a répondu. Quoi exactement? Je ne sais plus. J’ai du perdre la question en chemin

L’écriture tombe toujours à côté, est-ce pour cela, qu'elle ne s’arrête jamais. Et pourtant elle fixe ce qu'elle vient de sécréter. Laisser un texte s'amender, est-ce laisser ouvert ce qui habituellement, se fige, là, à l'instant puis accueillir sa vie intérieure. 
Trop de labeur tue le texte. Assassine l’écriture. Parfois. 
Trop polir les mots étouffe le vent qui y souffle. Parfois. 
Car toutes ces imperfections, c'est aussi la vie, ses ratés, ses bougésC'est la vie vivante, celle que cherchent la trace de l’encre fraîche et la voix des mots. Mots encore brouillons, mots mal-à-propos, mots retenus entre les lignes. Mots qui permettraient de lire en respirant, de marcher en parlant, de rire en regardant les nuages. Bien qu'ils annoncent l'orage qui fait prendre en courant les chemins de traverse.





On peut amender un texte comme un terrain, dit la langue. Langue, je te prends au mot ! Et je te donne de l’engrais, et je te travaille, et je te laboure. Et je te sème, et je te laisse ouvert à ce qui peut pousser, mauvaises herbes et friche y compris, ça donne quoi ?
Un ami jardinier me disait :
-"Il faut toujours un peu de poésie dans un jardin."

                                      

Amender, est-ce faire pousser à fond perdu ? Sans mise particulière. Sans enjeu. Ah, quelle légèreté... Dire et dire et encore dire, tant que dure la vie. Un dire qui dure, sans que cela ne soit trop dur. Un dire, qui pousse, tout en se délestant de ses bagages inutiles. Un dire qui a la voix du matin silencieux lorsque les mots retrouvent la musique des sons. Un dire qui, par l'écriture, rend vie à la parole.

Un texte amendé, dit la langue, encore elle, oui, oui, est un texte amélioré. Qui donne une réponse au problème qui s'est posé à lui. Mais, même avec son eurékà stabilisé au bout des lignes, voilà que d’autres questions le bousculent encore. Elles lui font poursuivre son chemin. Vers le large. Toujours.

Serait-ce alors le laisser s’amender… tout seul, à partir de ce qui ne cesse de proliférer, mauvaises herbes et surprises en tous genres ? Serait-ce le laisser vivre par lui-même ? Comme un tableau, comme une sculpture, mais aussi comme la boîte de conserve oubliée sur la table qui prend soudain un relief de nature morte, ou la gamelle du chien qui attend de son regard doux sa pitance. Lui aussi, parle, debout sur ses pattes engourdies. 
Des mots comme des choses que ne nourrissent ni le sens, ni le non-sens. Des mots agités par la vie, entre bruit et silence. 
Et les lecteurs viennent à la rescousse. Ils poursuivent la vie des mots. Tableau, boîte, gamelle ? Et les voilà vivants à nouveau, entrant dans cette nouvelle hospitalité. Etranges épiphanies de l'être.











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