vendredi 8 mai 2015

sur une photo de bona mangangu, Cleethorpes






Ils, elles pêchent. Toutes tailles, toutes hauteurs, toutes grandeurs.
Verticales nomades poussées par le vent.
Elles envahissent la mer. Peut-être clignent-elles des yeux.  La tête pleine de visions.
Je l’ai reconnue là-bas. On lui aurait raconté des histoires. Inventé des charades. Elle comptait ses pas dans l’eau. Oubliant son âge. Trottinant. S’abaissant et s’asseyant soudain dans l’eau. Elle sentit remonter le long de son corps. Ce frisson d’eau tiède. Clapotis de sable.
Sensations innommées. Car empreintes d’hippocampes, de crevettes et de palourdes. Alphabet égrené. Dont elle n’arrivait pas à reconnaître la langue.
«  Dites donc vous là-bas ! »
Mais personne ne s’est retourné.
«  Appelez-la !» m’a-t-il dit.

J’ai crié, hélé. Mais personne ne s’est retourné. La voix résonnait.  Comme une voix étrange. Sans phénomènes acoustiques. Elle racontait l’insouciance heureuse d’une fin de matinée. En ce printemps naissant. Et son optimisme dont le monde sait que la fin viendra. Qu’après huit heures, neuf heures viendront et puis dix heures, irrémédiablement. Et que l’ensablement de huit heures passera. Comme la brise de neuf heures. Et la douce chaleur de dix heures. Ainsi passe le temps. Sur les vagues. Par-dessus le sable.

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