C’est un tableau qui donne envie de peindre. Il est dans un
musée. Il se veut abstrait. On
aimerait l’habiter. Des lignes s’y rejoignent au-delà des formes. Juste des
traits avec un vide qui suggère. Le regard les complète. Il franchit le vide qui les
sépare. Parfois, il y en a comme ça, sur les vieux murs d’ardoise, des lignes
formées par les fissures des pierres. La matière suggère. Elle écrit. Peindre
ou écrire, une seule et même chose, le monde dans la main, disaient les vieux
peintres chinois.
Ecrire.
Un chemin. Sur une ligne de crête, au soleil levant. Avec le mal-être dans le dos.
Un chemin. Sur une ligne de crête, au soleil levant. Avec le mal-être dans le dos.
Le « mal »
tire d’un côté. Sur les chemins bruyants le long du versant ensoleillé, il
pousse à écrire. Ça commence toujours comme ça. « Ecrivez ! » Et le « mal » devient bavard. Il force le trait. La
paille, la poutre, vous savez…, ça encombre les yeux, obscurcit le texte, incommode la lecture.
Et puis « l’être »,
de l’autre. Enfoui dans les forêts. Sur le versant ombré. Il voulait dire la
substance de ce qui s’est écrit quand est née la parole. Puis, un jour, toutes
les histoires qu’on avait besoin de raconter, ont disparu. Ne reste que ce désir qui pousse à dire encore et encore. Mais quoi ? Raconter, malgré
tout, de petites histoires....
Autrement ? La vie n’est faite que de cela. On n’échappe pas aux
petites histoires. On peut les aimer. Ou non. On peut en rire. En pleurer.
Peut-être même y croire. C’est selon. Et tout ça, c'est encore la vie, dans tous
ses états. Elle vient. Elle miroite. A travers ses yeux mi-clos, un soir de
fièvre, quand s’endort le jour. Par un mail inattendu qui dévoile la neige tombée sur les
cheveux d'un vieil ami, après des années d’absence. Quand la chaleur
prend le corps dans son désir. Toujours, elle raconte. Le temps, cet artiste, à partir de mille riens, raconte. Car même
si ces récits ne sont rien, rien ne se dit sans ces récits. Sans eux, nous ne
sommes rien.
Ecrire rend intime à ce rien. Se fait locataire des fissures
de nos certitudes.
Ecrire en se souvenant du
mal, sans oublier l’être.
Ecrire, car devant sa page blanche, le monde, dans le même
temps, se réordonne. De par la grâce de tous ses aménagements de plume. Ecrire
car avec lui, vient le sentiment que les choses à nouveau se redéploient.
Ecrire. Respirer. Voilà le vent. Encore.
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