mercredi 28 décembre 2016

Lumières précaires









Chercher les lumières
Précarités de l'essentiel
N'oser le singulier
De ce verbe enfant
Qui se noie et trébuche
En ses joies somnambules
Joies, joies 
Que la lumière vous soit propice...

vendredi 23 décembre 2016

nuages du soir










Laisser neiger le silence
En sa promesse de vide
Rue longue si longue
Restée dans la mémoire
Te voilà à nouveau
En tes nuages du soir
 




jeudi 22 décembre 2016



Résultats de recherche d'images pour « hokusai poisson »


Hiroshige

C'est l'histoire de deux jeunes poissons qui croisent un poisson plus âgé, qui leur fait signe de la tête et qui leur dit : " salut les garçons, l'eau est bonne ?" Les deux poissons nagent encore un moment, puis l'un regarde l'autre et fait : " tu sais ce que c'est, toi, l'eau ?"

in " L'utilité de l'inutilité" de Nuccio Ordiner, Les belles lettres,  p 8





lundi 5 décembre 2016

Passeur de mots, le silence




Lorsque le silence ajoure les paroles, le laisser signer.
Traces dans la neige de la page blanche.
Ecritures











" Je déteste les histoires , lire ou écrire des histoires. " Et pourtant toute la journée il écoute des histoires. Il n'en guette aucune, seulement le moment de leur bascule. Lorsque celui-ci vient à frayer un parcours nouveau. Il est vrai il déteste les histoires. Il est seulement dans l'attention de cette bascule. Antichambre d'un éveil. A la perturbation d'un mot. D'une irritation inopinée d'un ton. D'une voix enfantine prenant son essor dans l'arche de la parole. Et qui déblaie. Qui remue. Et trie et évacue. Les scories du familier. Familier toujours. Déshabillé de ses outrances habituelles, de reconnaissances, de demandes sans cesse, de désirs sans queue ni tête. Cette perturbation soudaine. Oui, il la guette. Apprenant. Ou apprenti des voyages des phrases. De leur point de bascule. Sans cesse.



samedi 3 décembre 2016

Hospitalité du silence









Il est une silencieuse naissance de la parole. En cette nuit tombante. A qui parles-tu  donc ? Même à mi-voix. Aucune voix ne parle sans dialogues. Propulsant l'intensité des corps. Elles sont. Voix rauques. Voix fraîches. Filets de voix. Face au monde.  Rainures d'écritures devenues.



jeudi 1 décembre 2016

Lumières d'hiver






Je l'aurais croisé dans la rue, c'est sûr, je l'aurais reconnu. Pourtant c'est sa mère qui était venue me parler, elle m'avait dit la fois dernière qu'il s'était jeté du pont, cela ne pardonne pas, il y avait une barque avec un pêcheur pas loin. Le pêcheur a entendu un grand bruit, il a eu tout juste le temps de se retourner. Il a appelé les pompiers, les secours sont arrivés très vite. Il s'est retrouvé à l'hôpital, fuyant les voix qui l'ont envahi sans crier gare, elles s'étaient organisées autour de mots, de sons venus de nulle part, tirées de l'épuisette de sa parole désamarrée.  La mère s'inquiète de son sort quand elle ne sera plus là. Elle le voit sur son radeau à la dérive du temps de sa vie. Elle préfère parfois ne voir que l'ici et maintenant, il va mieux, les voix se sont éloignées. Il est rentré à la maison, il dort, il fume, il boit du café, il prend ses médicaments. Elle s'est levée, elle a quitté la pièce. Elle m'en avait tant parlé que j'ai cru le voir dans le couloir. Je ne le connais pas mais c'est sûr, je l'aurais reconnu. Il m'aurait fait un signe de la main. Je lui aurais fait un signe de la main. Fantômes dans les couloirs de la vie. Solidaires...







vendredi 18 novembre 2016

Ronde de nuit






                                                                          Claire et ronde            
                                                                              Est la nuit
                                                                                        
                                                                               
                 
                                                                                    

                                                                     
                                                                             
                                                                                                

jeudi 17 novembre 2016

Archipéliques




 Sur une peinture de Bona Mangangu
huile sur papier. 200×200 cm. 2016.








Ouvertures réel

Caresse silence







                                   Dans la lumière matin

Lianes verdures 

            Devenues encre

                                                                A même le mur 

                     Caresse silence 






mercredi 16 novembre 2016

confusion des langues








C'est une lumière, en son midi d'hiver, miroirs ocres, lustrés de vert. Refuges d'eau. Hésitant entre deux saisons. Dans leurs silences de pierre.  Ils se sont dissous dans les nuages. Au  mi-temps du lit. C'est une rivière qui roule ses mots en leurs promesses infinies. Confusion des langues. Mirages nature. Elle ne cesse mais pourtant n'y a cru.



lundi 14 novembre 2016

là où le mot faillit











Esprits de l'arbre, mânes de l'automne, ils ont épelé ce matin les feuilles, éveil regard, là où le mot faillit.




dimanche 13 novembre 2016

Histoires d'herbes











C'est en cherchant des lignes, des courbes, des fragments et des brisures, qu'elles sont apparues, mot à mot, euphonie nature, habitant le silence suspendu à son battement d'ailes. Au retour, du tréfonds de la terre, dans le rythme des pas, a résonné l'injonction monde. Habite l'herbe sienne, l'herbe verte, l'herbe folle, l'herbe cursive, en ses bouquets incessants. Parole d'eau. Dans le creux de l'oreille.


Mille et une nuits, 3, Bunraku rencontres





https://images.japan-experience.com/guide-japon/1383/s380x280/theatre-traditionnel-de-marionnettes.jpg 



Sur le site du Cosaque des frontières




"J'avais couru derrière lui, reconnaissant sa taille, sa démarche, son allure, jusqu'à ses vêtements. Impossible de dire si c'était son dos qui avait attiré mon attention. Il y avait certes la posture, la courbure et son inclinaison. Nul ne m'aurait cru ! Et pourtant. Il se retourna...."




samedi 12 novembre 2016

" eau courante, chaude et froide, chauffage central"




En levant la tête, j'ai vu ces enseignes effacées. Il n'en restait que deux, lisibles encore, " Hostellerie du bord de l'eau,", " Eau courante, chaude et froide, chauffage central".  Qui habite désormais la belle hostellerie ? Les reflets du ciel dans les fenêtres n'en ont pas dit davantage. Le soleil en continuant sa course a projeté ses reflets et ses lumières, théâtre d'ombres au bord du fleuve. Bulles de bal. D'un temps en ses promenades éphémères.








Rouges d'automne
Vent d'hiver
Soudain leur sourire de pierre

vendredi 11 novembre 2016





C'est un coin de ciel bleu accroché entre deux pierres, entre feuilles et brindilles devenues hiver... cours y vite, cours y vite, avant qu'il ne s'en aille.



entre chien et loup











J'ai rendu visite à mes amis les arbres. Paisibles toujours, ils se tenaient en rond, en colloque incessant. Quand je me suis approchée, j'ai cru reconnaître là un ami, là un voisin, là un personnage tonitruant et le bruit des feuilles a rappelé le matin qui entre deux lumières a créé leurs visages.  Seule Mnémosyne a répété leurs échanges. Mémoire de langues disparues, elle s'est seulement blottie dans le souffle du vent, entre Ciel et Terre, elle a cru, seulement cru, à la langue du vide qui s'est dessinée dans les échancrures de l'hiver.






jeudi 10 novembre 2016





Il est des matins qui paraissent en feu, de mots à la dérive, inutiles. Ne pas se laisser emporter dans le torrent qui les accompagne.

samedi 5 novembre 2016

verticales allongées ?








J'ai continué à chercher des verticales qui n'existent pas, orages, éclairs, annonçant une nuit qui n'en finit pas. Miens sont les cieux, mienne est la terre, mais ils étaient de nuit avant que n'arrive la lumière. Fallait-il éliminer les verticales au risque de retomber dans le familier des horizontales horizon. Je me suis allongée sur le sol. Et mes yeux ont alors vu monter cette trouée blanche inespérée que j'avais tant cherchée depuis des jours. Cela te suffira-t-il m'a-t-elle demandé à l'oreille. Fais ce que je peux... Ai aimé son amitié.



vendredi 4 novembre 2016

eau lourde









Pas à pas, goutte à goutte, je ne les savais pas si rondes, si lourdes, ne dit-on pas eau lourde... brume du matin qui n'a pas encore frotté ses yeux de songe.



jeudi 3 novembre 2016

nuages







J'ai cherché dans les nuages, des réponses à des tableaux en suspens, idées de lignes, moutons flocons, arbres montagnes, pourquoi étaient-ils tous striés lumière, ce matin là ?





mercredi 2 novembre 2016

Fête de la brume












Fête de la brume ce matin
Comme d'autres fêtent la lune
Je les ai vus comme je vous vois
Malgré la brume transforme ombres
Mais pourquoi soudain ce parasol
Se protégeait-il d'une pluie inconnue
Par ces temps étranges et biscornus... ?



mardi 1 novembre 2016

L'Antimonde" aux éditions Qazaq, Transparitions




L'antimonde



C’est par d’honnêtes mensonges que sont partis tous ces récits. Minuscules. Tous aussi invraisemblables les uns que les autres. Ils s’épanouissent dans cette concoction longue de langue, infusion de plans loufoques, marinades de désirs, tous en leurs lieux familiers revisités. Pile c’est faux, face j’invente. Des histoires en leurs chemins de traverse. Qui racontent. Leurs voyages solitaires. Leurs solutions singulières. En eaux troubles langage.
Joyeuse itinérance !

SOMMAIRE
Présentation
L’antimonde
L’énigme
La mangrove
Transparitions
Tombée d’établi


 Extrait de Transparitions

... "Sur le quai, des peintres se tenaient le long de l'eau. Tous travaillaient à leurs toiles. Certains tableaux étaient posés à même le sol. D'autres s'appuyaient les uns contre les autres comme des livres bien alignés. Ils étaient offerts au regard, prêts à être vendus. Je marchai le long de la berge. J'allai quitter le port quand je remarquai une femme dont je ne vis que le dos. Elle peignait, elle aussi. Ses gestes avaient attiré mon attention. Ses mouvements étaient entrecoupés de suspens, ils n’étaient pas d’un théâtralisme exagéré, ils étaient plutôt discrets, voire furtifs. Mais ils semblaient le fruit d’une concentration intense. Son regard paraissait saisir des formes, les évidant de leur réalité pour venir les apposer ensuite sur la toile. Si bien que le bateau n’était plus bateau mais seulement lignes troubles sur l’eau, les mouettes devenaient traînées blanches et le phare était cette irruption de matière soudaine. La main droite de la femme palpait la matière des couleurs de la palette. Ses doigts les effleuraient, les pétrissaient et ils venaient sculpter ensuite le relief par aplats gourmands.
Je l’observai, elle plus que sa toile. L’après-midi s’écoula ainsi avec le paysage du quai devant elle et puis les maisons du port et puis les toits et par-dessus eux, les mouettes qui dessinaient leur envol. Je m’assis derrière elle, goûtant le soleil de l’après-midi. Je sentais sa tiédeur sur mon visage. En fin de journée, je m’étais même installée sur un petit siège pour mieux observer le déroulement des événements. La toile me semblait lumineuse, vivante, architecture inconnue. Je ne la regardais pas directement. Il me suffisait de suivre les gestes de la femme devant moi. Ils me suggéraient la scène comme si la femme peintre debout de dos devant moi, lui donnait consistance progressive et que l’existence de la scène démarrait dès son bras ou son avant-bras voire sa main, avant même que la peinture n’appose ses effets sur la toile.
Je ne sus ce qui me captivait tant. Assise là, je ne voyais plus passer le temps. Il semblait avoir fait une boucle sur le chemin. J’étais là depuis quelques siècles. J’avais retrouvé le chemin d’une scène disparue où j’observais une vie sans âge se dérouler. Le temps m’avait ramenée en arrière. Etait-ce moi, était-ce l’une de ces multiples vies qu’il m’aurait été donné d’avoir ? J’aurais pu vivre là, dans ce port, dans cette ville. J’aurais pu m’y adapter, y évoluer sans que rien alentour ne soit perturbé. Le cours du monde n’aurait pas changé. Mais j’aurais pu être quelqu'un d'autre, menant une autre vie, goûtant à d’autres aspects d’un temps qui était traversé par une histoire que je ne connaissais pas."...