jeudi 21 janvier 2016

Passages


Il l'avait rêvée lorsque le corps s'est rappelé à lui. Cette douce cheminée, pépites chaleur. Il réentend cette phrase : "C'est le foie. Cela emporte en quelques semaines, au mieux quelques mois." Qui donc l'avait dite ? Lui ou quelqu'un. Il ne sait plus.


Le temps soudain a perdu son passé, son futur. il ne restait que cette immense plaine du présent qu'il n'avait jamais visitée. On lui disait: " il faut toujours avoir un ou deux projets sous la main". Il repensait à cette phrase : " ce n'est pas la mort que je crains, mais le mourir." (1)


Devant son lit aux draps blancs, un immense passage s'est ouvert. Il a entendu des voix, des langues, des cris comme l'entend un enfant à l'heure de la sieste.Il y avait au bout une chaleur chaude, humide, avec des efflorescences végétales. Ombres et lumières. Puis est venue la vie au bout. Bruissante, verdoyante, elle tenait le monde dans sa main. Il voulait faire corps à ce monde accroché à ses perles de lumière. 



En a parlé, yeux fermés, sourire aux lèvres.


1. M de Montaigne


mercredi 20 janvier 2016

souvenirs flocons





J'ai regardé glisser l'eau

Goutte à goutte

Condensé froidure




Souvenirs flocons

Narcose poudrée 

Matin




mardi 19 janvier 2016

Corps ou nature ?



C'est un bruit surgi au milieu de la nuit. A la frontière entre vent et souffle humain. Il a choisi le chemin nature. Loin des expectorations. Des rejets miasmes. Et pentes déchets. 
L'on sait bien où tout cela finit. 

Alors brume carbone il s'est habillé. 
Arrosé d'un peu d'eau bleue. 
Qui espérait la joie des entrailles. 

C'était un soleil couleur. 
Glacis neige sur peau.
C'était une onde ophélie.
Sans ride aucune.

Elle a raconté 
Sa romance d'herbes 
Indissolubles tissages.

Puis s'en est allée
Compost devenu 
Mémoires de l'eau.

lundi 11 janvier 2016

A fresco


Elle m'avait parlé du vent et des vagues
Et puis des aplats lumière
A fresco sur leur enduit d'algues

Les mots s'en sont allés

Au fil de l'eau 
Insignifiances
D'ici et d'ailleurs

Bavardages saisons
En leurs clapotis revenus

C'est une eau
En son ressac de midi










dimanche 10 janvier 2016

Quand s'arrête l'écriture





Je me demande parfois 
Si les mots peuvent renaître 

Parasites vivaces 
Indicible verdure 

Compost de mots
Fugues bagages

Ils filent
Incertains




Un langage aux doigts abrupts
Acroche froidures 




mercredi 6 janvier 2016

"une sorte de langue maternelle du geste "





"Une fois le tapis dessiné, ça allait vite. Il maniait son outil avec une dextérité peu commune. C’était des mouvements qui venaient naturellement, ceux du passé, ceux de l’enfance, une sorte de langue maternelle du geste. Il se laissait emprunter par les fils comme s’il avait été un chemin; ceux-ci le déroulaient, lui, sa rêverie et sa danse intérieure. C’était presque une transe de la mémoire. Il tissait avec une régularité obsédante comme un derviche accomplit en moulinant sa médiation. Autant le soir, crayon en mains, il se sentait interpellé, instable et empli de doute, autant il ne se posait plus aucune question quand venait le moment d’actionner son métier.
 Arrêter le temps, retenir le souffle de sa mère.
 Il l’avait donc tissé avec cette habileté qui était la sienne, scrupuleux, méthodique, agile. Eren faisait ça le jour, dans cet atelier où d’autres artistes aussi travaillaient. Un grand espace communautaire dans lequel il avait monté son métier, un impressionnant outil ancien venu de son pays en vrac, le dernier vestige de l’enfance. Il se tenait dans une pièce calme, hors de portée du brouhaha des jeunes peintres et sculpteurs, et faisait courir navettes et peignes dans l’amoncellement des pelotes multicolores. Le temps ne comptait pas. La fenêtre donnait sur des balcons fleuris. La ville se dissipait dans le silence des arrière-cours."


Olivia Lesellier, " Rien, te dis-je...", Qazaq, 2016, p.21




dimanche 3 janvier 2016

les rainures du temps






J'ai cherché l'eau dans les rainures de la pierre

Imaginé son clapotis 

Brisure de roche

Ressac de sable 




Le temps 

Et ses vagues insensées










FLOC !




Elles ont glissé, glissé, glissé

Goutte à goutte

Oh demain !





samedi 2 janvier 2016

Histoires de feuilles



Feuilles

Sèches déjà

Imbibés d'eau

Sont leurs reflets












Transits temporaires




Essaims de lumière
Transits temporaires

Prochain arrêt
Promesses chaleur

Ah les saisir...
Dès maintenant !










vendredi 1 janvier 2016

Saules, 2





Le monde est devenu saule
L'espace d'un matin
Je n'ai plus su en distinguer les contours